Transcription :
Bourges le 16 8bre 15
Mon bien tendre Ami.
Mon Dieu que mon pauvre cœur a été bouleversé et angoissé en lisant ce matin la
carte du 11 et ta lettre du 13. Ma dernière illusion a dû encore tomber car je
m’étais imaginée que vous ne feriez pas l’assaut et le récit que tu m’as fait
m’oblige trop à me rendre à cette terrible évidence ;
et ama
peine s’accroît et mes angoisses deviennent plus grandes
Je ne puis te rendre l’effroi que j’ai ressenti en voyant ce que vous avez supporté, je ne
pouvais me faire une idée de l’horreur des ces bombardements. J’ai pleuré, j’ai
tremble mais je viens de retrouver un peu de calme en m’occupant de te faire le
petit paquet envoi de saucisson que tu m’avais dit de faire tous les
quinze jours.
Mais encore un nouveau contre-temps m'est survenu. On n'a pas voulu me le prendre à la poste ; il paraît qu'on renvoie tous les paquets susceptibles de contenir des saucissons. Quelle chinoiserie !
et dire que pendant ce temps nos pauvres Maris ont à peine de quoi se nourrir. Je
serai donc obligée d'attendre le convoi le convoi de Vendredi
par le dépôt pour te le faire parvenir. Heureusement que tu ne
paraissais pas trop pressé d'en recevoir. Je mettrais
dans le paquet
tes deux chemises neuves très chaudes et ta flanelle. Tu commenceras par
mettre la flanelle et tu iras graduellement. Mais il vaut mieux maintenant que tu
sois en possession de tes sous-vêtements chauds, car les froids peuvent venir
d'un moment à l'autre. N'oublie pas de me dire si les conserves que je t'ai
mises te ont été seront utiles ; il me semble que je pourrai encore
trouver d'autres genres ; je voudrais tant pouvoir remédier dans la mesure du
possible à ce ravitaillement si insuffisant.
Je mettrai encore deux fromages et des figues. Je ne demande qu’une chose, c’est à te faire des envois, c’est la seule occupation avec les lettres que je t’écris qui "" apportent quelque trêve à mes inquiétudes. Tu vas peut-être te dire mon Aimé que je suis moins courageuse que tu ne le supposais et tu seras peut-être tenté d'atténuer la véracité de tes confidences. Je
te demande en grâce de ne pas céder à ce mouvement ; je veux avant tout être renseignée et au moins je sais que lorsque tu me diras que vous êtes au calme, que je pourrai te croire et profiter d'un peu de tranquillité. D'ailleurs notre union qui se cimente chaque jour davantage et notre grand amour veulent que je souffre ma part des horribles angoisses que tu as vécues durant cet effroyable bombardement.
Je n'ai pas le cœur à reprendre encore aujourd'hui mes les petites
nouvelles de notre petite vie. Je ne peux que t'envoyer un de ces
élans de tendresse que tu ressens si bien à distance et te dire plus
que jamais combien mon ce pauvre cœur torturé t’aime et t'envoie de
longs baisers.
Caresses des Petits et sincère affection de Pépé qui s’émeut autant que moi des horreurs de votre vie.
Ta Louise