Transcription :
Dimanche 5 Xbre 1915.
Ma Chérie,
Nous voici revenus au repos à Mareuil ; le retour s’est effectué pour moi sans incident et sans fatigue ; je couche à l’Ecole sur une épaisse botte de paille. J’aurai, ces jours-ci, beaucoup de papier à gratter, mais ne serai nullement à plaindre.
Ci-joint, je te fais parvenir la procuration qui t’est nécessaire pour utiliser mon livret de Caisse d’epargne ; je me suis renseigné : il n’existe pas au Regiment d’imprimés speciaux pour établir ces procurations ; la signature du Colonel suffit à authentiquer la pièce.
Notre régiment est bien à plaindre ; depuis 24 heures il est enlizé dans la boue, la relève n’a pu avoir lieu, on dit même que des hommes se sont noyés. Je ne sais comment on va sortir de là. A l’instant même, je reçois l’ordre de retourner
à Mareuil puisque le régiment ne peut plus sortir des tranchées. Bien triste, tout cela !
A demain un mot, et tendres baisers.
Jean