Transcription :
Correspondance militaire
Madame Déléage
29, rue Bourbonnoux
à Bourges
(Cher)
Mardi 14 Xbre 1915.
Ma petite Louise,
Ta lettre du 9 m’est arrivée trop tard pour que je puisse répondre dans ma dernière missive. Je te fais compliment, et très sincèrement, pour la manière dont tu t’es tirée de cette affaire compliquée et fatigante ; te voilà vraiment chef de famille, apte à traiter toutes les questions. Il va de soi que j’approuve toutes les mesures que tu as prises pour cette opération : retrait presque complet des fonds déposés sur mon livret, emploi de toutes tes obligations, avance d’argent nécessaire pour parfaire le total et remplir les conditions de l’emprunt ; à la fin du mois, tu feras rembourser tes bons échus, ou bien tu les renouvelleras pour 3 mois (pour 6 mois ce serait peut-être imprudent) et ainsi tu reconstitueras ta réserve de billets de banque. C’est parfait, je n’aurais certainement pas fait mieux.
Rien de saillant ici ; je vais bien, je suis habitué à mon nouveau service, le grand chef me connait mieux. Je sais en train de me faire soigner une dent par le dentiste de la Division : c’est une aubaine dont je profite car ma mâchoire commençait à m’agacer sérieusement. - Au moment de terminer ce mot, ta lettre du 11 m’arrive comme je regrette que tu n’aies pas vu le sergent Sulpice ! il t’aurait dit des choses intéressantes ; peut être repassera-t-il avant de revenir ici. L’aubaine des 10 francs m’amuse : c’est presque une restitution. – Les autres ne s’amusent pas autour de moi, mon Regiment remonte en 1ere ligne cette nuit ; que va-t-il arriver ? Heureuse petite femme, va. - Mes amitiés à Charcosset ; merci pour le maryland arrosé hier. – Tendres embrassades à la ronde.
Jean