Transcription :
Vendredi, le 4.2.16.
Ma Chérie,
Malgré ma grande feuille blanche, je ne t’écrirai qu’un petit mot, faute de matière… C’est que je n’ai pas encore reçu la longue lettre annoncée, Vaudoux n’étant pas revenu à la Cie .
A défaut, ton petit mot reçu hier m’a fait patienter, et m’a même fait grand plaisir.
D’abord, j’avais senti juste en te lisant que tu devais être déprimée : je te
connais donc bien, puisque je puis presque t’ausculter à distance, dis ? Ensuite
le succès d’André m’a été très sensible, tant pour lui que pour nous, et surtout
pour son professeur qui verra que il
notre gars n’a pas besoin de copier pour se bien classer. Enfin la
petite « polissonnerie » m’a fait rire assez bruyamment ; tu as bien compris, et
j’ai lu facilement ta réponse ; bien que tu m’aies traité de polisson, je suis
convaincu que la chose ne t’a pas déplu.
Redevenons sérieux ; à l’avenir quand j’aurai un mot secret à t’envoyer, j’emploierai le même procédé, et toujours ce sera à la fin de ma lettre, avec une petite croix au crayon en marge pour faire connaître l’endroit à recouvrir d’encre.
Je ne vois plus rien à dire, et d’ailleurs je suis bien peu libre. Tendres embrassades à mes chéris et à ma petite Lou.
Jean