Transcription :
28 Xbre 16
Mon Jean Chéri,
Monsieur Bedu a eu l’amabilité de s’offrir pour t’emporter quelque chose et il y a même mis tant d’insistance que je me suis laissée tenter car au fond j’avais le plus grand désir de te faire parvenir la petite gâterie qu’il te remettra et que je ne pouvais confier à la lenteur de la poste. En la dégustant, tu évoqueras les bons moments passés ensemble à pareille époque et surtout ceux à venir.
Ce sera un peu de joie que cela t’apportera là-bas dans ta tranchée.
et l- Nous avons beaucoup pensé à toi en ce jour de Noël et malgré la
mélancolie jetée en mon âme par la certitude de te savoir en tranchée, j’ai fait mon
possible pour que ce jour apportât un peu de joie aux Enfants. Et nous avons eu
notre petit extra tout comme aux jours heureux (huîtres et bûche traditionnelles)
les bambins y sont très sensibles, André surtout.
De plus Maurice était tout à la joie de posséder le jouet de ses rêves aussi ils ont déclaré avoir passé une bonne journée. Mais je crois
que nous ne nous serions pas permis cette gâterie si je n’avais eu la possibilité de t’y faire participer. J’avais l’intention d’acheter aux Enfants pour le premier de l’An quelques chocolats, ils préfèrent que je mette ma petite somme dans un grand sac d’oranges qu’ils pourront manger à leur gré. Je me rends facilement à leur désir et cela leur compensera un peu le colis que Tante n’a pas pu envoyer.
- Tes bonnes lettres ont reussi à chasser un peu mes craintes et ma tristesse, grâce à elles j’ai pu assez vite réagir. Je parie que tes sœurs se calmeront
moins vite que moi. Je leur ai donné le plus de détails possible pour leur aider à le faire.
- Le rhume d’André est tout à fait passé et nos santés sont en très bon état.
Et maintenant mon Jean cheri, je viens te dire avec toute ma tendresse, comme si tu étais là près de moi les vœux que je forme pour toi et qui t’arriveront en foule. C’est d’abord le retour définitif sur lequel nous comptons si fermement maintenant, et puis ce sera le bonheur parfait au milieu de ta chère famille, qui elle, n’en aura pas de plus grand que d’être toujours aupres de toi. Et pour cela, Ami Cheri,