Transcription :
Bourges, le 28 Décembre 1916.
Mon cher papa,
Je te souhaite la bonne année et une bonne santé pendant l’année nouvelle. Elle nous apportera la paix, n’est-ce pas, cette année-là, et tu nous reviendra pour toujours ?
Tu as passé une mauvaise fin des'année et, pendant que
nous sommes en vacances - vacances bien courtes -, tu es bien mal e.
Je 'y pense bien
, àttoi, crois-le, mon cher papa et je me réjouis bien
avec Maman à la pensée que tu vas bientôt nous revenir en
permission : j’espère que tu ne tomberas pas au moment des longues
compositions, car je profiterai bien peu de ta permission, je serai tout de même
joyeux.
Je te remercie bien de la lettre que tu nous a écrite et des journeaux que tu nous a envoyés ; je tâcherai de ne plus frapper Maurice, mais cela pourra arriver, les disputes entre frères étant si fréquentes ! Je fais effort pour bien obéir à Maman, mais je reconnais que c’est souvent après l’avoir fait répéter ses ordres.
Mon bulletin trimestriel sera joint à notre lettre : tu verras que je n’ai pu composer en Récitation, que j’ai été 1er en Géologie (19 ¾) et en Grec (16), [15e] en Dessin (8 ¼). Nous n’étions que 3 aux Félicitations trimestrielles, Aupetit, Poisle et moi.
Je’ai lu ta lettre du 28 21 et j’ai vu la différence entre
la méthode française et la méthode alleman
de ; comme je viens d/’étudier en géologie les puits, j’ai compris comment les Boches ont pu installer une pompe dans les tranchées de [1ère] ligne.
Il fait mauvais ici : Mardi j’ai été au Parc des Sports, mais Mercredi je n’ai pu -
nous avons été jouer chez Rousseau pour compenser - et aujourd’hui
peut-être pas davantage : c’est regrettable car je m’y fortifie beaucoup et
j’apprends à jouer ; nous matchons
nous battons surtout contre l’école supérieure d, mais pour le
moment je ne peux prendre part aux matchs , ; ce serait pourtant
intéressant car nos adversaires sont un peu plus âgés que nous, mais moins entraînés
et moins “disciplinés“ : nous les battons donc facilement.
Maurice parait bien content de ses étrennes et son Meccano l’intéresse beaucoup ;
moisje n’ai rien voulu, mais je te demande la permission d’acheter
dans le cours de l’année un ballon pou de foot-ball pour emporter à
Mazilly.
Nous avons mangé une bûche pour Noël - tu ne nous gronderas pas, et tu en
mangeras une pour le jour de l’an - et elle nous a promis 2ct
d’oranges pour Lundi 1er Janvier
1917.
Je t’embrasse de tout mon cœur.
André Déléage