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53J6
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2

Transcription :

le premier Mai 1917

Mon Jean Chéri

Dans la fraîcheur de ce délicieux matin de chaud printemps je reçois ta lettre si câlinement caressante du 26 et elle me vaut une sensation à la fois si douce et si chaude que j’en reste sous le charme. Dieu ! que tu sais aimer ta petite femme, Ami Chéri, et comme à son tour elle t’en aime de toute son âme.- Par ce temps enchanteur et malgré tout le sérieux de l’heure présente, on se reprend à vivre et à esperer. Comment pourrait-on rester insensible ? c’est un si beau réveil de tout après cet interminable hiver. Mes fenêtres sont largement ouvertes. A ma droite le


majestueux marronnier développe hardiment sa luxuriante frondaison ; devant moi, le lilas, plus timide tend avidement ses tiges munies de prommetteuses grappes vers le vivifiant soleil et avec cela on respire une brise d’une douceur infinie - Vois-tu, Ami Cheri, c’est ta lettre qui m’a provoqué cette extase et c’est là ma seule excuse car par ces temps sévères, ne devrait on pas oublier que le ciel est bleu, que la nature se fait belle, que les oiseaux chantent….Tant de pauvres familles sont si cruellement tourmentées. Mais je ne veux pas m’assombrir ; à une autre fois les conversations sérieuses ou tristes. Je reste jalousement sous ma bonne impression. Sur ce, mon Jean Aimé je t’envoie la plus douce caresse que mon cœur aimant puisse évoquer et suis avec amour.

Ta petite femme

Louise

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