"Les bruits de guerre montent crescendo". Ultimatum de l'Autriche à la Serbie. - 1914-07-30
"Les affiches se préparent hâtivement" - 1914-08-01
Transcription :
Mairie du Creusot Souvenirs de la guerre de 1914 - 1916 par P. Ferrier, secrétaire en chef de la mairie Les 30, 31 juillet, les bruits de guerre montent crescendo ; tous les visages sont recueillis, graves, anxieux, mais résolus, et la même phrase est dans la bouche de chacun : " Puisqu'il faut un jour ou l'autre en arriver là, autant aujourd'hui que demain ; nous sommes prêts ". C'est pour cette nuit, dit-on, après un coup de téléphone du sous-préfet, le 30 au soir. La nuit passe : aucune nouvelle. Le 31 s'écoule encore sans que la digue qui retient la mer de sang prête à tout envahir soit encore rompue. Enfin le 1er août à 5 heures du soir, le gendarme attendu arrive. Le fameux pli est décacheté par M. le Maire ému ; les affiches se préparent hâtivement, fébrilement. Le tambour bat, le tocsin sonne. L'heure du sacrifice, l'heure des larmes est venue ; mais cette heure est aussi l'heure sublime qui marque, avec la fin d'une époque, l'aurore d'une ère nouvelle. Devant ces hommes accourus de tous les coins du pays autour des affiches fraîchement apposées et qui, sans une plainte, sans un regret, stoïquement, entrevoient dans un flamboiement d'incendie toutes les horreurs de la guerre ; devant ces femmes qui, mères ou épouses, acceptent aussi, quoiqu'avec des pleurs, l'ultime sacrifice demandé par la Patrie bien aimée, découvrons-nous bien bas. Ce tocsin, ce tambour ont réveillé la vieille âme héroïque de la France que la paix avait engourdie. Mais l'heure n'est pas aux paroles ; le fascicule de tous les hommes affectés à des régiments de l'Est leur prescrit de rejoindre immédiatement et sans délai. Immédiatement et sans délai ils rejoignent. Sent-on