Annonce de la prise de Mulhouse par le Maire - 1914-08-09
Transcription :
8 heures, jusqu'à 9 heures du matin. Les réflexions de chacun se fondaient en un murmure qui toute la journée animait le boulevard. Lorsque, le 9 août, la prise de Mulhouse fut annoncée, le Maire alla lui-même sur le boulevard donner lecture de la bonne nouvelle, laquelle fut accueillie par des applaudissements frénétiques ; le drapeau fut hissé sur l'Hôtel-de-Ville. Hélas ! il fallut déchanter et la prise définitive de la vieille cité alsacienne, si française de coeur, devait être encore séparée du jour de l'entrée première de nos soldats par bien des larmes, par bien du sang, par bien des deuils. La retraite de Sarrebourg, la retraite de Charleroi, la marche des Allemands vers Paris allaient jeter la consternation, le trouble dans l'âme populaire. Ajoutez que les familles ne recevaient aucune nouvelle des leurs : les mères, les femmes, les soeurs, désemparées, lamentables, encombraient les bureaux et les couloirs de la Mairie, demandant en vain des renseignements. Lorsque je leur répondais que nous n'en avions pas, certaines se détournaient et pleuraient, disant : " il est tué, sinon il m'aurait écrit ". J'ai cru certain jour remarquer que la douleur des mères était plus profonde, plus navrante encore que celle des épouses. Dans ces mots " mon garçon " la femme du peuple met tout son coeur, toute son âme ; ce mot l'élève, la transfigure. L'imperfection du service des correspondances a provoqué bien des inquiétudes et cette imperfection initiale a sans doute été accrue par les difficultés de la retraite. IMPERFECTION DU TRANSPORT DES BLESSES - Une autre imperfection aussi devait avoir les conséquences les plus poignantes, devait exercer une action néfaste sur le moral de la foule ; c'est l'imperfection du transport des blessés. Accusons, comme plus haut, les difficultés inhérentes à la retraite et rappelons-nous cette exhortation