L'inconduite de l'Arrière - 1915-07-01
Transcription :
Rouge " au " Chat noir " et ailleurs. Leurs maris, leurs pères, leurs frères sont dans les tranchées, sont morts peut-être (les robes noires sont nombreuses, trop nombreuses, aux lieux de plaisir) ; elles dansent, elles rient, elles s'amusent. J'ai entendu en passant, en mars 1916, me trouvant en compagnie de ma famille et d'une famille amie, devant le " Moulin Rouge ", les réflexions suivantes d'un ouvrier récemment revenu du front " Il faudrait qu'un zeppelin vînt leur rappeler que nous sommes en guerre ". L'honnête homme qui passe et qui pense est écoeuré. La mairie a dû demander, et elle a obtenu, l'envoi immédiat à leur dépôt de deux soldats mobilisés dans les usines, qui ouvertement détournaient de leur devoir des femmes de poilus ; l'une d'elles avait vendu le matériel de sa ferme, son cheptel, pour suivre au Creusot un métallurgiste mobilisé qui avait été, quelques mois auparavant, envoyé chez elle par l'autorité militaire comme ouvrier agricole. Il a semblé inadmissible aux autorités responsables qu'un soldat jouissant de la faveur de n'être pas exposé pût se livrer tranquillement à la débauche avec la femme indigne d'un combattant. Des allocations durent être retirées pour inconduite à trois femmes de mobilisés ou versées, dans deux autres cas, l'existence d'enfants s'opposant légalement à la suppression pure et simple des secours, à des tiers chargés de veiller à ce que l'argent profitât bien aux enfants. Les actions en divorce furent nombreuses ; la Mairie a reçu quelques lettres poignantes de poilus qui, ayant appris sur le front l'inconduite de leurs femmes, demandaient une