Conférence de M. Régnier, réfugié de Valenciennes - 1916-01-15
Transcription :
administration fut sans doute submergée de demandes dont un nombre infime seulement put recevoir une suite. Enfin, la remise aux réfugiés à partir d'avril 1916 de cartes spéciales, à raison d'une par personne et tous les deux mois, vint leur donner dans leur isolement une nouvelle lueur d'espoir. Dans les derniers jours d'avril et les premiers de mai, les bureaux de la Mairie furent encombrés de solliciteurs ; comme ces derniers devaient adresser des demandes individuelles à la Préfecture et que, pour beaucoup, écrire à un Préfet est chose fort complexe, fort malaisée, nous fîmes imprimer des demandes de cartes que les bureaux de la Mairie remplissaient. Les cartes sont parties. Parviendront-elles enfin ?.... Nous sommes au 30 juin et, comme soeur Anne, nous n'avons pas encore vu venir grand-chose. Il m'a bien été dit que quelques rares réponses avaient été reçues. Je n'ose y croire et je me demande si de l'autre côté de la frontière passagère formée en terre française par les poitrines de nos braves, l'Allemand, bourreau méthodique, n'a pas voulu distiller un nouveau poison savamment dosé pour aviver votre douleur, pour rouvrir vos plaies. Rien ne saurait plus nous surprendre de la part de cette race odieuse et notre haine ne sera jamais à la hauteur de son abjection. Si nous nous approchons de ce monde de réfugiés, si nous l'auscultons, si nous sondons ses misères, que de larmes, que de chutes ! Tel a perdu deux de ses enfants à la guerre et apprend qu'un troisième, blessé, restera infirme. Tel, M. Régnier, avocat à Valenciennes, rapatrié du camp de Cassel, infirme en suite du typhus exanthématique nous conte, le 15 janvier 1916, en une intéressante conférence publique et payante, les souffrances