Transcription :
certaine émotion que j'ai vu sur le journal "La Suisse" la reprise du fort de Condé et, quoique toujours prisonnier, il me semble que ma liberté est plus grande ". La tenue de la campagne des alentours devient, au point de vue national, quelque peu flottante, je dirais inquiétante si je voulais écouter toutes les rumeurs qui viennent résonner désagréablement à nos oreilles. Des bruits tendancieux, des conseils pernicieux se propagent de temps en temps et paraissent saisir toute occasion pour renaître, se transformer, s'adapter aux événements en vue de faire tout le mal possible. Les lanceurs ou plutôt les interprètes criminels ou naïfs des véritables lanceurs qui demeurent Outre-Rhin, trouvent un terrain favorable dans nos campagnes. Les paysans ont, avec les commerçants, à pleurer tant de morts ; seuls à peu près et par la force des choses, ils restent depuis 3 ans sur la brèche. Que n'a-t-on pas dit : " Tel châtelain des alentours, que ses soldats ont reconnu brave parmi les braves, téméraire peut-être, tombé au Champ d'Honneur, aurait passé à l'ennemi ". Et encore : " Les curés ont voulu la guerre. " Et aussi : " Ne donnez pas votre or, ne souscrivez pas à l'emprunt, ne semez pas de blé, tout cela pour abréger la guerre. Quand il n'y aura plus d'or, plus de crédit, plus de nourriture, les gouvernements seront bien obligés de terminer le massacre " . J'ai constaté par moi-même que si ces bruits ont pu avoir quelque crédit sur certains esprits, s'ils ont pu exercer une action néfaste indiscutable, ils n'ont pas corrompu à fond le coeur de nos paysans. Et lorsque le dimanche 27 Mai, me trouvant avec