Un destin hors du commun

Marguerite Boucicaut

Photographie de la "maison" d'enfance de Marguerite Guérin à Verjux (BH GF 525)
Photographie de la "maison" d'enfance de Marguerite Guérin à Verjux (BH GF 525)

Née pauvre à Verjux, Marguerite Guérin n’était pas destinée aux plus hautes sphères. Et pourtant…

Une enfance modeste
Marguerite Guérin naît dans une misérable masure de Verjux, le 3 janvier 1816 d’une mère couturière et d’un père inconnu. Au travail dès son plus jeune âge, Marguerite se voit privée de son emploi de gardienne d’oies du fait d’une délibération municipale portant obligation de tenir oies et dindes en lieux clos.
Agée de douze ans, elle rejoint à Paris son oncle Joachim Guérin, porteur d’eau. D’abord apprentie blanchisseuse puis ouvrière, elle devient gérante d’une crèmerie avec plat du jour, rue du Bac.

Une rencontre déterminante
C’est en 1835 que Marguerite rencontre Aristide Boucicaut, employé au magasin du Petit Saint Thomas situé à deux pas de la crèmerie. De leur union libre naît en 1839 un enfant : Anthony Aristide Guérin, reconnu par son père en 1845. Le couple se marie en 1849.

Un empire
En 1852, Marguerite et Aristide s’associent avec les frères Paul et Justin Videau dans la gérance d’une boutique Au Bon Marché fondée en 1838. Devenus uniques propriétaires de l’enseigne en 1863, les époux Boucicaut transforment ce commerce en un grand magasin innovant, organisé en rayons (mercerie, lingerie, mode, chaussures…), où se pratiquent l’entrée libre, les prix fixes à faibles marges, la reprise et l’échange des marchandises, les réductions et promotions, les livraisons à domicile par voitures attelées ou encore les ventes par correspondance.
« Cathédrale du commerce moderne » selon Zola, Au Bon Marché emménage en 1870 dans un bâtiment neuf - situé rue de Sèvres à l’angle des rues de Babylone et de la rue du Bac, avec charpente de fer et verrière, emploie une fourmilière d’employés et réalise un chiffre d’affaires extraordinaire.
Malgré la perte coup sur coup de son époux (1877) et de son fils unique (1879), Marguerite veillera sur l’entreprise jusqu’à sa mort survenue le 8 décembre 1887 à Cannes.

Une bienfaitrice exemplaire
Ni Paris ni la réussite commerciale n’ont fait oublier à Marguerite Boucicaut ses origines. Pour Verjux, son village natal, Marguerite s’est montrée particulièrement prodigue. Quelques exemples. En 1880, elle indemnise les habitants du village sinistrés par une inondation. L’année suivante, elle finance la construction d’écoles et d’une mairie dans ce même village et en 1887, elle commandite l’édification d’un pont pour relier Gergy.
Par son testament, Marguerite Boucicaut redistribuera sa richesse au profit de ses employés et domestiques, d’associations philanthropiques, de chercheurs (parmi lesquels Pasteur), d'artistes et participera aux financements de projets d’ampleur (création d’une maternité pour femmes célibataires à Rouen, Lille et Chalon-sur-Saône ou encore d’un hôpital [Boucicaut] à Paris).

Etat partiel des sources conservées aux Archives départementales de Saône-et-Loire : 5E 570, 1T 284, 1X 104, 5Fi 570/1, 6Fi 3745, BH GF 525, PR 13/30. 

 

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