Visite peu ordinaire
Le château de Lucenay-l’Evêque a fait l’objet, le 27 mai 1712, d’une curieuse visite : Jean Pillot et Lazare Rabiot, conseillers du roi, sont chargés par Charles-François d’Hallencourt de Dromesnil (1674-1754), évêque d’Autun, de faire un diagnostic des bâtiments du château et d’ordonner la démolition de certains éléments.
Un domaine ecclésiastique
La terre de Lucenay était propriété de l'Eglise avant le IXe siècle. L'évêque d'Autun était baron de Lucenay (d'où le nom actuel de Lucenay-I'Evêque). Il y possédait un château, situé au milieu du bourg, sur la rive gauche du Ternin, à la place de la mairie actuelle. Lucenay-l’Evêque était renommé depuis plusieurs siècles pour son pèlerinage contre la rage, et les évêques y avaient fondé dès le XIIIe siècle une léproserie. Ces cures miraculeuses ont alors accentué la puissance de la seigneurie épiscopale. La justice était rendue à Lucenay au nom de l’évêque. Les appels se portaient au Parlement de Bourgogne et les cas royaux au baillage royal de Mâcon.
L’appartenance de l’importante baronnie de Lucenay à l’évêque d’Autun est confirmée en novembre 879 par Boson, roi d’Arles et comte d’Autun. En 1295, l'évêque Hugues d'Arcy fit reconstruire et fortifier le château par de hautes murailles, flanquées de plusieurs grosses tours. On y pénétrait alors en traversant un pont-levis, précédé par un pont-dormant. Les eaux de la rivière inondaient ses fossés. Le château fut remanié en 1450 par le cardinal de Rolin, puis en 1670 par l'évêque de Roquette.
Puissance et décadence
En 1712, le château était composé de quatre corps de bâtiments entourant une vaste cour. A l'est, sur la grande place actuelle, se trouvait un pavillon, sur le portail d'entrée, flanqué de deux petites tours. De la tour nord, on communiquait à une galerie ouverte sur la cour, aboutissant à une grande tour d'angle. Ensuite se tenaient les écuries et le fenil, seules parties du château encore existantes. Au sud du pavillon d'entrée se trouvait une galerie aboutissant à une grande tour sous laquelle était une prison voûtée. L'aile du midi comprenait la maison du fermier et l'angle sud-ouest était occupé par une autre grosse tour, dite « tour de Babel », sous laquelle se trouvaient des oubliettes. Les conseillers mandatés par l’évêché font un descriptif exhaustif de la disposition des pièces du château et de leur état matériel. La résidence épiscopale, mal entretenue, est au bord de la ruine, et des démolitions auront lieu par la suite.
Le château de Lucenay-l’Evêque, abandonné depuis le début du XVIIIe siècle, fut acquis comme bien national par l’architecte Nicolas Joubert en 1794, sous la Révolution, puis démoli en 1824.
Etat partiel des sources conservées aux Archives départementales de Saône-et-Loire : 2G 431, 2G 368, 2G 439