De Puzenat à FPT : histoire d'une entreprise florissante de Bourbon-Lancy
A la fin du XIXe siècle, un astucieux serrurier et mécanicien de Bourbon-Lancy, Emile Puzenat, met au point une herse en zigzag qui révolutionne l'outillage agricole. Au concours de Mâcon de 1874, il gagne le premier prix pour son invention, puis le premier grand prix en 1878 au concours de Paris organisé à l'occasion de l'Exposition universelle. Son ingéniosité ne s’arrête pas à ce succès, il améliore et invente de nombreux produits : râteaux à cheval, charrues, faneuses, extirpateurs et houes.
En 1900, Emile Puzenat fait construire une vaste usine qui existe encore dans le quartier Saint-Denis à Bourbon-Lancy et plus tard, des cités ouvrières pour loger les nombreux ouvriers. Après la Première guerre mondiale, dans le contexte de reconstruction de l’économie agricole, l’entreprise prend son essor. En 1924, elle emploie 1000 ouvriers et atteint un record de 148 789 matériels produits.
En 1958, Puzenat et Fiat fusionnent sous le nom de Fiat-Someca afin de construire des tracteurs. Dans les années 1990, la marque Iveco continue à faire fonctionner les usines de Bourbon-Lancy afin de produire des moteurs pour camions, bus et engins agricoles.
Aujourd’hui l’usine de Bourbon-Lancy, dont les installations couvrent dix hectares, est l’un des principaux sites de montage et de production du groupe Fiat et un fleuron de l'industrie en Saône-et-Loire. La marque s'appelle dorénavant FPT (Fiat Powertrain Technologies) et emploie 1285 personnes en 2020.
Grâce aux documents conservés aux archives départementales, il est possible de reconstituer l’histoire de cette société.
Beaucoup de fonds d’entreprise et de syndicats sont conservés dans la série J (archives d’origine privée). C’est le cas ici de documents provenant du Fonds de l’Union syndicale départementale CFDT relatives à l'entreprise Puzenat (106J).
La série 6U concernant les tribunaux de commerce permet de retrouver les statuts des entreprises mais aussi les documents de vente, succession et faillites, dessins et dépôts de modèles. Dans le cas de l’entreprise Puzenat, on retrouve le dépôt au tribunal de Chalon-sur-Saône de 39 modèles de pièces pour faneuse à fourches (6 U 1623)
Afin de visualiser l’étendue des usines les documents du cadastre (3P, numérisés et en ligne) peuvent être utiles, mais également les fonds iconographiques comme les cartes postales numérisées et en ligne (6Fi 413, 429 et 435).
Le recensement de population de 1936 (6M Bourbon-Lancy) nous permet de comprendre qu'à la Cité des Forges, la majorité des personnes travaillent chez Puzenat et que l'entreprise a fait appel une main-d'oeuvre étrangère dans l'entre-deux-guerres.
Les archives proposent enfin un fonds documentaire de brochures (série BH), de revues et de journaux qui retracent l’histoire de cette société. On peut citer la publication De Puzenat à Ivéco – une saga industrielle en pays thermal de Jean Vannetier (Bh GF 405).
A l'occasion des Journées européennes du patrimoine, les Archives départementales de Saône-et-Loire proposent une exposition intitulée "L’Empreinte, que reste-t-il de l’âge industriel en Saône-et-Loire ?" dans laquelle le travail des élèves du collège Ferdinand Sarrien de Bourbon-Lancy est présenté. Ces derniers ont réuni photos et documents sur l'histoire et traces encore visibles aujourd’hui sur le territoire et dans les mémoires des ateliers mécaniques Puzenat. Cette exposition évoque également la Tuilerie de Montchanin, l’industrie céramique Perrusson d’Ecuisses, et l’exploitation des schistes bitumineux des Télots à Autun. Dans le cadre de ce projet d'éducation artistique et culturelle (EAC) piloté par les Archives, sept classes de collégiens accompagnées par l’artiste photographe, Émilie Fontaine ont élaboré ce travail.